Malgré la morosité de la conjoncture et les annonces pessimistes du Conseil Fédéral, nous avons rendu visite à Frédéric Mauron à l’entraînement du FC Grandson-Tuileries pour faire le point avec lui. Nous y avons alors appris qu’il avait d’ores et déjà rempilé pour la prochaine saison.
Bonjour Frédéric, comment vous avez traversé cette pause forcée et comment s’est déroulée la reprise des entraînements, à Grandson?
On a commencé une préparation physique début janvier. Et quand on a compris que ça allait s’arrêter pour une longue période, on a décidé de donner congé aux gars jusqu’à ce que ce soit possible de s’entraîner. On a recommencé début mars. On est revenus sur le terrain et on fait notre troisième préparation de la saison. On est obligé d’adapter notre base physique car le fond est prêt. Morat – Fribourg, on y va quand on veut!
Les gars avaient conservé leur niveau?
C’est très variable. Les bons éléments sont plus forts que l’an dernier, les moins bons, sont plus faibles. Le niveau est moins homogène. Mais d’un point de vue général, ça va. Ensuite, on a fait deux semaines mixtes: endurance et résistance. Et quand on a compris qu’on allait reprendre on ne sait pas quand, on est repartis sur autre chose. On respecte les règles, mais c’est compliqué.
Le foot sans contact, c’est comment?
Ce n’est pas du foot! (rires). Il y a des centaines d’exercices qu’on peut faire comme ça. On a l’impression de faire de l’analytique de A à Z. C’est super, techniquement les joueurs en profitent. Par contre, il manque clairement quelque chose au niveau du jeu.
Niveau reprise, c’est toujours la bouteille à l’encre. Trois options ont été avancées. 1. Celle de tout jouer le programme prévu en alignant les semaines anglaises. Elle n’est clairement plus crédible. 2. Il y a l’idée de terminer le premier tour et de scinder les championnats en deux poules, une forte, se battant pour le titre, l’autre faible, luttant contre la relégation. 3. Simplement terminer le premier tour afin de pouvoir valider les promotions et relégations. Quelle option vous paraît la meilleure?
Si on avait le temps, je trouverais que l’idée de la fin du premier tour avec des play-off pour les six premiers et des play-out pour les six derniers, serait bonne. Pour nous, qui étions à la limite, si on était parvenus à rejoindre le groupe fort, on aurait eu le droit à des matches super intéressants. Par contre, si on avait échoué dans cette quête, ça aurait été la guerre tous les week-ends! Donc si on avait pu choisir, j’aurais pris celle-là d’option. Mais là, si on veut être réalistes, on est plus sur la troisième possibilité, celle de simplement finir le premier tour. Pour nous, vu notre classement actuel, ça n’a aucune importance que ça se termine au pas. A dire vrai, on est actuellement plus dans l’optique de préparer le prochain championnat, de préserver le groupe. On a cinq arrivées à l’inter-saison et on est très contents que des jeunes soient désormais intéressés à venir chez nous. On ne les a pas appelés, ils sont plus ou moins venus tout seuls. La collaboration avec Yverdon est bonne et on construit déjà pour l’année prochaine. Celle-ci est de toutes façons finie.
Du coup, on en déduit que vous serez encore à la tête de l’équipe l’année prochaine…
Oui, l’affaire s’est conclue la semaine passée (ndlr: l’interview a été réalisée le 15 avril). J’ai décidé de rempiler après avoir discuté avec les joueurs et comme les cadres, les anciens, ne veulent pas terminer leur carrière sur une saison comme ça, et moi non plus, on a tous décidé qu’on rempilait parce que l’ambiance dans l’équipe est géniale. C’est aussi le fond de commerce du club.
Si on continue de parler de l’exercice en cours. Vous êtes bien placé pour parler d’équité sportive… Grandson avait été dans une situation difficile la saison passée avant que cette dernière ne soit purement et simplement annulée. Est-ce que vous trouvez que c’est juste, si ce printemps ou cet été, on valide des promotions, et surtout des relégations sur un demi-exercice?
Juste, non, ça ne l’est certainement pas. Après, finir un premier tour, c’est déjà un peu plus équilibré, si tout le monde a affronté tout le monde. C’est peut-être la moins mauvaise solution. Mais effectivement, la justice, là-dedans, il n’y en a pas. Par rapport à notre cas, l’an dernier, je suis convaincu qu’on aurait réussi à se sauver. Mais maintenant, si je me mets à la place d’un «Bili» (ndlr: Admir Bilibani) à Champvent, j’imagine qu’il prie pour que ça recommence le plus rapidement possible, afin qu’il puisse se sauver sur le terrain. Après, on vit tous cette situation de merde et on doit faire avec, malheureusement. Et puis, les plus frustrés ne seront certainement pas les clubs qui évoluent à notre niveau où il n’y a pas vraiment d’argent. C’est plutôt au niveau semi-pro que les gens commencent à l’avoir mauvaise. Surtout qu’aujourd’hui il y a une guéguerre juridique qui insinue que si les championnats amateurs ne peuvent pas recommencer, le championnat semi-pro n’est pas validé non plus. Les instances sont en train de se pencher sérieusement sur le cas. Elles ont créé ce modèle semi-pro qui est en soit une peau de banane dans le monde amateur. En gros, les décideurs ont fait une virgule pour réussir à s’en sortir. Mais ce championnat resterait apparemment sous les règles amateurs. Après, c’est une bataille d’experts et là, évidemment, je ne touche pas terre. Enfin bref, dans l’intérêt du foot, il faudrait pouvoir au moins terminer ce premier tour… Mais on verra si ce sera possible entre le 27 et… Le 34 juillet!
Donc vous croyez encore en la possibilité que le championnat reprenne?
Après les annonces d’hier (ndlr: 14 avril), franchement, beaucoup moins. Il n’y a plus de délais qui sont annoncés. Dans le genre, si dans un mois la moitié des gens sont vaccinés, on peut recommencer. Il n’y a aucun délai. Du coup, je vois mal comment les autorités vont nous laisser recommencer quelque chose. Surtout qu’actuellement, les spectateurs sont toujours interdits dans les matches juniors. Pourtant, on n’a pas l’impression que les choses se passent mal en plein air.
Osons la déraison et surtout l’optimisme, s’il devait tout de même y avoir une reprise, avec quelle équipe, Grandson retrouverait-il la compétition? On le sait, de manière générale, la pause hivernale permet des aménagements au niveau de l’effectif. Quelle a été la donne chez vous?
J’ai eu un départ, Samir Mehmedovic qui est parti à Champagne et j’ai enregistré six arrivées. Quatre attaquants, Edwin Grosdanic, Raul Silva Perreira, Emmanuel NDombele, un milieu, Damin Baltazar de Souza, sans oublier le gardien Antoine Dubois, en prêt de Champagne, qui était déjà là au premier tour, mais blessé.
Départ et arrivées à l’inter-saison: 1 départ: Samir Mehmedovic (Champagne). 5 Arrivées: Tiberio Tufo (FC Crissier), Edwin Grosdanic (Bosna Yverdon/3e), Raul Silva Perreira (YS/Juniors A), Emmanuel NDombele (FC Bavois II), Damien Baltazar de Souza (FC Bercher/Juniors A).
