United Milvignes recule pour mieux sauter

L’annonce d’un changement de comité au FC United Milvignes, une demi-saison après la naissance du club de la fusion entre le FC Auvernier et le FC United Neuchâtel en a surpris plus d’un dans le microcosme du football neuchâtelois. Lassés de nager à contre-courant et de passer pour les vilains petits canards de l’ANF, le président Giuseppe Guido, son vice-président Paulo Rico et le principal sponsor de longue date Franco Pascale ont décidé de jeter l’éponge.

«Au début, on était tellement dégoûtés par l’acharnement de l’ANF et par le manque de soutien de la commune qu’on a même pensé à tout simplement arrêter le club», admet un Guido amer. «Mais cela n’aurait pas été juste pour les enfants et les familles qu’ils représentent, complète aussitôt Rico, du coup, on a décidé de chercher des personnes à même de reprendre le flambeau».

L’ancien comité crie à l’injustice

Les raisons d’un tel dégoût? Après divers incidents, une réputation sulfureuse aurait collé à l’image du club jusque dans les plus hautes sphères de l’association cantonale de football où la personnalité haute en couleurs du sponsor principal Pascale lui aurait valu, ainsi qu’au club, une forme d’acharnement systématique.

Le trio aligne les anecdotes tantôt affligeantes tantôt truculentes pour étayer le manque d’équité voire l’injustice crasse dont United Milvignes aurait fait l’objet de la part de l’ANF et expliquer la lassitude qui les a finalement pousser à rendre les armes. La liste est éloquente. Les autorités communales en prennent également pour leur grade.

«Je ne souhaite plus que mon nom et celui de mon entreprise soient associés au football neuchâtelois. Je ne veux pas que ma publicité sur un jeu de maillots ou sur un panneau ne porte préjudice à un club, explique Pascale. Désormais, je me contenterai d’éventuellement soutenir anonymement l’un ou l’autre mouvement juniors».

Pour sa part, Guido est formel: «Dans toute mon existence de bénévole, je n’ai jamais été autant dégoûté. J’ai œuvré pendant 20 ans dans le judo, la boxe puis dans le krav maga, mais je n’ai jamais eu affaire à autant de mesquinerie que dans le foot neuchâtelois, écrivez-le!».

Une remise de flambeau sans aucun ressentiment

Soucieux de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, le trio s’est résolu à ne pas abandonner ses licenciés, leurs familles et leurs proches. Dès lors Guido, Rico et Pascale se sont mis à la recherche d’un repreneur. Une première piste a été sondée et des démarches ont été entreprises avec un potentiel successeur, «mais, au fil des discussions, cette personne s’est rendu compte par elle-même de l’investissement bénévole que cela représentait et a préféré jeter l’éponge», expose Pascale d’un air entendu.

Puis, la vraie solution est venue de l’interne. Un groupe de membres du club se sont manifestés pour reprendre le flambeau dans le sillage de Michaël Oberhänsli et Sébastien Egger.

Un timing suprennant

«Lorsque l’on a participé à la fondation du club, Giuseppe Guido nous avait laissé entendre qu’il ne serait pas là éternellement, mais on ne pensait pas que l’ancien comité et lui allaient s’en aller aussi rapidement», admet Michaël Oberhänsli. «Je présume que Giuseppe a jugé que la pause liée au COVID représentait le bon moment pour transmettre le témoin», estime son compère Sébastien Egger, ancien joueur-entraîneur de la deux de United Neuchâtel, qui avait suivi l’ex-président dans la fusion avec le FC Auvernier.

Résolument tourné vers l’avenir, le nouveau comité souhaite poser des jalons afin d’assurer la pérennité du club. Pas question pour lui de ressasser les histoires et les rancunes d’un passé qu’il souhaite définitivement enterrer.

Relégation en vue

L’heure est à la reconstruction de l’édifice. Et le plan des travaux a été détaillé aux membres lors de l’AG extraordinaire du club, le 3 février dernier. Le chantier est énorme. Premier coup de pioche en forme de crève-coeur: la rétrogradation de l’équipe fanion en 3e Ligue. Car il n’est pas question, pour le duo, d’envoyer des jeunes au casse-pipe en 2e Ligue. La relégation, volontaire ou non (tout dépendra de la suite du championnat, COVID oblige) sanctionnera coûte que coûte la fin de l’exercice en cours, pour la une.

L’écart générationnel trop important entre les juniors A et les juniors E et F qui composent actuellement le mouvement jeunesse du club impose cette mesure, United Milvignes désirant promouvoir ses actuels juniors A en actifs, à des fins de développement.

«Pas un manque d’ambitions!»

«Il ne s’agit pas d’un manque d’ambitions, s’offusque le nouveau président lorsqu’on parle d’ambitions revues à la baisse. Au contraire! On veut bâtir plus grand pour remonter à terme en 2e Ligue avec nos propres joueurs, et peut-être y jouer les premiers rôles. Mais cela prendra le temps qu’il faudra», prévient Oberhänsli.

«C’est un pas en arrière pour deux en avant, justifie le président. On souhaite laisser à nos jeunes le temps de se développer, sans les griller. Jusqu’ici les contingents de la 2e Ligue et des juniors A étaient composés majoritairement des mêmes éléments qui alignaient les matches, ce n’était pas viable sur le long terme».

«Plus qu’un simple sport!»

«On pose des bases solides afin que dans trois, quatre, cinq ans, tout le projet se suffise à lui-même, étaie Egger. On veut rebâtir en misant sur la formation et redonner, via nos équipes juniors et leurs parents une âme de club de village au FC United Milvignes. Dans notre esprit, le football, c’est plus qu’un simple sport, c’est un moyen de tisser des liens sociaux, de développer des amitiés saines et durables.»

Il est également question d’assouplir les relations entre les contingents et de faciliter les passages des joueurs entre les diverses catégories de jeu afin que la mayonnaise prenne. Le terme famille revient comme une rengaine tout au long de l’entretien.

Alors que United Milvignes aligne actuellement six équipes, trois d’actifs (2e Ligue, 4e Ligue et 5e Ligue) et trois de juniors (A, E et F), le nouveau comité penche pour une nouvelle formule la saison prochaine avec une 3e Ligue, une 4e Ligue, des Juniors A ou une 5e Ligue de jeunes, et des juniors D-E-F et peut-être encore une équipe surprise. Les idées ne manquent pas, la bonne volonté non plus.

Interview de Moustapha Sylla, ancien entraîneur du FC United Milvignes: 

Moustapha, on a appris que vous n’étiez plus l’entraîneur du FC United Milvignes. Que s’est-il passé?

J’ai effectivement quitté mon poste après les changements intervenus au sein du club.

Expliquez-nous!

Le nouveau comité en fonction a annoncé une réorientation, je ne me voyais pas continuer dans ces conditions. J’ai discuté tant avec l’ancien comité qu’avec le nouveau et pour moi, la décision était claire. Quand je suis arrivé, le projet auquel j’ai adhéré était de travailler avec des jeunes en 2e Ligue. La donne a changé depuis. Le nouveau comité veut recommencer en 3e Ligue, ce changement ne me convenait pas. Il était dès lors évident pour les nouveaux dirigeants et pour moi-même qu’on arrêtait là. 

Pas évident… Vous êtes parti en claquant la porte? 

Non pas du tout! Je n’en veux à personne. Ni aux gens qui m’ont fait venir, ni au comité actuel. Je quitte United Milvignes en bons termes avec tout le monde. J’ai eu beaucoup de plaisir à côtoyer les membres de l’ancien comité et à travailler dans ce club avec les joueurs, les jeunes, les entraîneurs. Je ne souhaite que le meilleur au nouveau comité. Il n’y a vraiment aucun litige entre le club, des gens au club et moi. J’ai pris une décision par rapport à une situation qui avait évolué, c’est tout.

Avez-vous des projets pour la suite?

Oui, je suis deux, trois pistes, mais il n’y a pour l’heure rien de concret, rien de signé.

Classement 2e Ligue

1. Coffrane 8m 24pts
2. Bôle 8m 17pts
3. Audax 9m 14pts
4. Boudry 8m 13pts
5. Le Locle 9m 13pts
6. Béroche 7m 12pts
7. Saint-Imier 8m 12pts
8. Fleurier 9m 12pts
9. Marin 8m 10pts
10. la Chx-de-Fds 9m 7pts
11. U. Milvignes 8m 6pts
12. Etoile S. 7m 2pts