Le nouveau mentor du FC Champvent n’est pas du genre à faire semblant. Mais il a les idées claires: faire progresser son groupe et responsabiliser son monde.
Renato Rocha n’a que 37 ans. Une longue carrière de joueur (derrière lui), une vie d’entraîneur en devenir (devant lui), et dans tout ça un point commun, quasiment intemporel: cette passion pour le football, à tel point que pour Renato Rocha, on pourrait lui coller l’étiquette d’incollable, voire d’addictif à ce sport. L’homme se remémore chacun de ses matchs au détail près, par exemple ce 1/8 de finale de Coupe de suisse. Nous sommes alors en 2009, où le FC Sion élimine son ES Malley 0-1, «c’est Dominguez qui nous met un coup franc des 18 mètres. Juste avant, après avoir mal contrôlé un ballon, je suis obligé de m’excentrer, El-Hadary me bouscule, l’arbitre Laperrière aurait pu donner penalty. Dommage, on était si proches de l’exploit ce jour-là » (se) rappelle Rocha, le verbe si clair, ce regard si franc. Passionnément, il enchaîne: «l’autre dimanche matin à 09h30, j’étais à Chavannes pour Turc-Lausanne contre Chavannes-Epenex. Honnêtement, j’ai suivi ce match avec la même attention que n’importe quel autre match, je n’ai aucun a priori dans le foot». Car l’homme aime le foot. Et le FC Champvent est prêt à l’aimer en retour.
Une décision prise en deux minutes
Peut-être fut-ce même le coup de foudre, le FC Champvent n’ayant eu que si peu de temps pour tourner la page Admir Bilibani, lui qui ne signala son départ aux dirigeants qu’à l’aube du dernier match de la saison passée. «A vrai dire, après deux minutes de conversation avec le Président Claude Meylan, je savais que j’accepterais son offre, s’il me choisissait bien sûr». Pourquoi ? Le feeling, tout simplement.
«Le courant a bien passé, tout de suite. Son discours, au président, la vision du club, ça me parle. Ici, pas de place pour les faux-semblants, on sait qui on est. Le club a des valeurs simples, qui me parlent aussi », explique Rocha, au feeling justement, une chose dont il semble s’amouracher pêle-mêle, tel son instinct sur le terrain, jadis, lui qui a mis des centaines de buts au forceps, au flegme, au feeling, avec cette finition frivole qui caractérise les meilleurs buteurs. «Je veux que mes joueurs soient libres. Qu’ils s’éclatent. Qu’ils soient eux-mêmes. Ce que j’adore, c’est voir des gamins progresser. J’ai d’ailleurs eu plusieurs jeunes, qui ont passé de la 4e ligue à la 2e ligue Inter, et c’est ça qui me fait rêver aujourd’hui. Ce bien-être individuel, je veux l’amener aux joueurs du FC Champvent. A terme, ceci se transformera en une osmose collective, et là, on sera bien ».
«Produire du jeu»
Au moment d’évoquer les sacro-saints objectifs, les phrases creuses n’existent pas avec Renato Rocha, on y va franchement et sans ambages, la méthode Rocha in situ: «ce que je veux avant tout, c’est éviter de lutter contre le bas, comme l’année dernière où tout n’a pas été rose de bout en bout. Ensuite, il faut qu’on s’attèle à produire du jeu. Qu’on aille de l’avant sur le terrain, que l’on montre quelque chose de plaisant, d’alléchant, en jouant vertical, collectivement. Le tout, en se faisant plaisir. Ici à Champvent, on n’a pas les moyens financiers d’attirer des joueurs majeurs et confirmés, ça c’est clair. Donc, il faut que les gars soient heureux et fiers d’être ici. Il faut leur donner l’espace pour progresser», explique-t-il.
Pour l’homme donc, pas d’objectifs comptables, de rang ou de prestance, tout du moins pour le moment. « Franchement, je n’ai pas du tout de ce besoin de paraître, de faire semblant, de faire comme si. Pour devenir l’homme que je suis professionnellement, j’ai dû travailler très dur. Aujourd’hui, je suis bien au-delà des histoires de réputation, de ci ou de ça. J’ai eu quelques autres offres d’autres clubs, mais c’est le discours de Champvent qui m’a davantage plu. Ce que je veux, c’est apprendre tous les jours, autant de mes joueurs que de mon comité. C’est tous ensemble que l’on progressera. Ensuite, le reste suivra, j’en suis convaincu.»
Les jeunes au défi
Le FC Champvent tient en ses rangs un certain Albino Bencivenga, un homme qui a inscrit 494 buts en carrière, dont 390 avec le FC Champvent – rien que ça. Le stratège Renato Rocha a-t-il un plan pour l’intégrer dans son système ? «On sait tous ce qu’Albino est capable de faire, il est hors-pair. J’attends énormément des jeunes qui l’entourent, c’est à eux de faire le pas, je pense notamment à un Axel Poncet – ce garçon a beaucoup de talent, il est prometteur, ça fait quelques années qu’on en parle. Maintenant, il faut qu’il passe un cap, il doit devenir une sommité dans la ligue. Axel est juste un exemple, car tout le monde doit faire le saut, si on veut aller de l’avant, et c’est mon rôle de faire en sorte que ça marche. Il doit y avoir des leaders techniques, des leaders vocaux, chacun doit trouver la place qu’il estime être la sienne. Une discussion que j’ai également eue avec un gars comme Mirza Pipic».
Le crédo du FC Champvent est Hasta Siempre, (pour toujours) deux mots estampillés au-dessus de la buvette, deux mots qui sont la quintessence de leur cri de victoire. Seul l’avenir dira si Renato Rocha sera là pour toujours, à l’instar d’un Jean-Daniel Tharin, qui avait passé près d’une décennie sur le banc du FC Champvent. Une certitude: Renato Rocha voudra marquer ses joueurs pour un bon bout de temps.
Arrivées:
Robin Chabod (Pully), Loïc Vanetta (Sainte-Croix), Kilian Badoux (Sainte-Croix), Rafael Fiorèse (Champagne), Loïc Devenoge (La Sarraz), Nelson Lupede (retour), Assaf Torun (Cheseaux).
Départs:
Jason Brunet, Adrian Falcon, Fatmir Skrijelj, Mersudin Talovic, Marco Barra (Azzuri Yverdon), Milos Pekic, Christian Makinu (Bosna), Tsevetan Karakolev (Thierrens), Oussama Belgaid (Vallorbe +30), Regis Ngoussi (Granges-Marnand).
