Marin et Boudry ont partagé l’enjeu 2-2 dans une ambiance délétère entre deux des cancres de la ligue, samedi à la Tène. Reste à savoir si le score sera homologué ou si le match devra être rejoué: un joueur de Boudry a été averti deux fois, mais n’a pas été expulsé.
On pouvait bien imaginer que la rencontre entre Marinois et Boudrysans se jouerait à couteaux tirés. Alors que les deux formations sont vouées à lutter pour leur maintien ce printemps, l’enjeu de la rencontre n’avait échappé à personne et chacun s’est présenté sur le terrain de la Tène avec l’ambition d’empocher la totalité de la mise. Il n’en a rien été, chacun devant au final s’accommoder d’une parité frustrante au terme d’un match engagé où l’ambiance s’est dégradée au fil des minutes au point de devenir délétère.
Boudry ouvre le score
Sur une pelouse dans un état précaire, Boudry a pourtant tenté de poser le jeu. Ce sont d’ailleurs les visiteurs qui sont, le mieux, entrés dans le match, forçant Marin à concéder une série de corners dès l’entame de la rencontre. Tandis que les Boudrysans tentaient de poser le jeu et de trouver les intervalles, les Marinois essayaient de trouver leur salut en cassant les lignes par de longs ballons et en contournant le bloc visiteur par les côtés. Au coeur de cette partie d’échecs, Boudry a été le premier à trouver l’ouverture en rupture. A la 33e, Bihi a conclu d’une tête croisée une action initiée par Cattin et relayée par Amadio.
Boudry était alors la meilleure équipe sur le terrain et cette ouverture du score ne tombait pas de nulle part. Les hommes de Celso Valz auraient pu doubler la mise par Marques Figueira trois minutes plus tard, mais, sur un service de Fagues, l’ailier croisait un poil trop son tir. Puis sur l’action suivante, Pelletier a dû s’employer devant sa ligne sur une nouvelle tentative de Fagues.
Passé près de la correctionnelle, Marin sentait bien que le match lui échappait et se mit à durcir considérablement le jeu. Il a ainsi fallu toute la mansuétude de l’arbitre pour permettre à Rocha de ne pas voir rouge après une belle semelle. Ali Kokollari a alors eu l’intelligence de sortir son latéral droit, qui avait déjà écopé d’un carton jaune foncé à la 13e, pour une intervention plus que virile.
Le réveil marinois
Inconsistant, Marin a pourtant failli remettre les compteurs à zéro avant le thé, lorsque Le Meurlay a pu cadrer sa tête à bout portant. Par chance pour Boudry, l’envoi manquait de force et Mannkour, bien placé, a pu bloquer le ballon (42e). Mais cette étincelle dans un océan de marasme a eu le don de raviver la flamme locale. A la reprise des débats, Marin s’est montré plus entreprenant que lors de la première période. Plus présent dans les duels, plus inspiré aussi à la construction.
Kurt, que l’on avait surtout aperçu provoquer ses adversaires ou se faire allumer par eux jusqu’ici, est alors sorti de sa boîte. Il a envoyé une première banderille à la 50e, lorsqu’en bout de course, il n’avait pu cadrer un envoi puissant. Cinq minutes plus tard, Le Meurley se montrait plus précis que son coéquipier. A la réception d’un deuxième ballon, il parvenait à égaliser.
Mannkour héroïque
Dès cette égalisation, les esprits n’ont en plus fini de s’échauffer. Alors que Boudry n’arrivait plus à poser son jeu, les deux équipes se sont livrées à un médiocre jeu d’attaque-défense sans cesse interrompu par les mauvais coups et les fautes tactiques. Alors qu’il se faisait houspiller de part et d’autre, l’arbitre fermait les yeux sur une intervention douteuse de David Moulin sur Amadio dans les 16 m, à la 65e, mais n’hésitait pas à ordonner la sanction suprême de l’autre côté, lorsque Thomas Marin déséquilibrait Meli, neuf minutes plus tard dans la surface fatidique. De quoi échauffer encore un peu plus des esprits déjà en ébullition.
Pour en rajouter à la dramaturgie de la rencontre, Mannkour parvenait à détourner le penalty de Kurt en corner. Frustré, Marin ne perdait toutefois pas la tête. Et il fallait un nouveau morceau de bravoure du gardien boudrysan à la 77e pour empêcher Kurt de trouver l’ouverture, après une talonnade de Roty, sur un mouvement initié par Le Meurlay. Ce n’était que partie remise pour Kurt qui parvenait à trouver la faille à la 82e. Le n° 10 marinois a dû s’y reprendre à deux fois pour battre l’excellent Mannkour, sur un ballon dégagé par la défense, après un essai de Salah.
Deux minutes plus tard, Amadio était stoppé illicitement dans sa course par Anthony Moulin qui écopait d’un deuxième carton jaune, synonyme d’expulsion. Sur le coup franc, Fages voyait son tir dévié sur la latte par Pelletier et dans la partie de flipper qui s’en suivait dans les 16 m, Jarno Coletta ne parvenait pas à cadrer sa reprise instantanée.
Egalisation polémique
Boudry parvenait toutefois à égaliser dans les arrêts de jeu, Thomas Marin profitant d’une sortie hasardeuse de Pelletier alors que Salah gisait au sol dans sa surface, l’épaule sortie, depuis l’action précédente. De quoi encore amener un supplément de tension dans une rencontre qui n’en manquait pourtant pas.
Après cette égalisation jugée scandaleuse par les Marinois, Bregnard a eu des mots qui ont déplu à l’arbitre. Ce dernier a alors averti le Boudrysan, qui avait déjà vu jaune auparavant. M. Chedy et ses assistants ne s’en sont pas rendu compte et Bregnard n’a pas été exclu comme il aurait dû l’être. Une faute technique qui pourrait conduire à la non-homologation du résultat. D’autant plus que Marin a déposé protêt après la rencontre.
Fin de partie et après-match chaotiques
Alors que les nerfs étaient à vif de part et d’autre et que provocations et noms d’oiseaux fusaient, Kurt a vu rouge à son tour, après le coup de sifflet final, pour une prise de bec avec le banc et les spectateurs boudrysans, concluant de la pire des manières une rencontre de petite cuvée dont le football ne ressortira pas gagnant.
«L’égalisation est frustrante pour nous, surtout ses circonstances. Je retiens qu’on a bien mieux joué en 2e période. Je regrette aussi les tensions d’après-match. On s’est fait allumés et insultés durant toute la partie et c’est mon joueur qui prend rouge pour insultes, après la rencontre… Enfin, c’est le foot», réagissait à chaud Ali Kokollari. Celso Valz estimait lui qu’on avait «vu deux équipes qui essaient de se sauver.» Content d’être invaincu depuis trois matches, il regrettait toutefois: «le penalty clair, non sifflé, alors qu’on menait 1-0. A 2-0, le match aurait été plié.» Il sera finalement peut-être rejoué. La balle est désormais dans le camp de la commission de jeu.
Télégramme:
FC Marin-Sports – FC Boudry 2-2 (0-1)
La Tène. 150 spectateurs. Arbitre: M. Chedy.
Buts: 33e Bihi 0-1. 55e Le Meurlay 1-1. 82e Kurt 2-1. 92e Marin 2-2.
Marin: Pelletier; Rocha (38e Andoni), D. Moulin (94e Jansen), A. Moulin, Robert (c); Roty, Meli; Le Meurlay (87e Gavillet), Salah, Halimi (67e Duric); Kurt. Entraîneur: Ali Kokollari.
Boudry: Mannkour; F. Coletta (86e Da Costa), Marin, Schornoz (c), Gouveia; Amadio, Fages, J. Coletta, Marques Figueira (71e Albuquerque); Cattin (76e Bogdanski); Bihi (66e Bregnard). Entraîneur: Celso Valz
Avertissements: 13e Rocha, 45+1’e Marin, 60e Kurt, 67e A. Moulin, 62e Roty, 68e Bregnard, 79e Amadio, 81e Cattin, 92e Bregnard, 96e Duric. Expulsions: 85e A. Moulin (2e carton jaune). Après le match: Kurt (antisportivité).
