Un Xamax à réaction a obtenu ce qu’il cherchait, à savoir la victoire (2-1), mardi soir contre Chiasso, à la Maladière. De quoi prendre un peu d’air et surtout cinq points d’avance sur la lanterne rouge tessinoise.
Il y a eu de l’électricité dans l’air mardi, à côté de l’église rouge. Dans le duel des mal classés de Challenge League, Xamax et Chiasso ne se sont pas fait de cadeaux. Et au petit jeu de l’intox, des mauvais coups, des insultes et de l’antijeu, on a d’abord cru que la troupe de l’aboyeur Ranieri allait, telle la fratrie des Rapetou, rentrer au Tessin avec la caisse de la soirée. Il n’en a, heureusement pour les Neuchâtelois, rien été.
La faute ou plutôt grâce, apprendra-t-on à l’issue de rencontre, aux insultes proférées par le très peu recommandable Ranieri dans le tunnel des vestiaires à la pause. Mais pas seulement. Le coach des rouge et noir, Binotto, a lui parlé d’une anecdote qu’il a partagée avec ses hommes et qui aurait eu des vertus galvanisantes, sans dévoiler de quoi il s’agissait. Toujours est-il que les fantômes qui avaient hanté le synthétique de la maladière de l’ouverture du score tessinoise (11e) par le fantasque Morganella jusqu’à à la pause, ont cédé leur place à un onze conquérant animé d’une formidable rage de vaincre.
Ainsi, après être passés proches de la correctionnelle, Chiasso ayant touché du bois -ou plutôt de l’aluminium – à deux reprises dans la période initiale, les hommes de Binotto ont su se rebiffer. Fébriles en défense, absents au milieu et maladroits devant, lors des 45 premières minutes, les Xamaxiens ont semblé avoir bouffé du lion au vestiaire.
Photos: Grégory Bohnenstengel.
Ultra-dominés dans les duels précédemment, ils ont commencé à prendre l’ascendant, affichant également leur autorité sur les deuxièmes ballons. Dans le sillage d’un Nuzzolo qui avait soudainement retrouvé son mordant légendaire, le onze rouge et noir en a alors fait voir de toutes les couleurs à la troupe du sud du Gotthard.
La rage de Mafouta sur le penalty égalisateur ou encore la provocation libératrice de Dominguez sur le 2-1, lorsque le Genevois s’en est allé célébrer son formidable goal devant l’agitateur Ranieri et son banc ont été autant de signaux forts: Xamax n’allait pas se laisser maltraiter plus longtemps. Et c’était tant mieux pour le spectacle. Ainsi, après le 2-1, les deux formations se sont livrées à un mano a mano d’anthologie.
Exaltée, la fin de la rencontre a été complètement débridée, un peu comme le douzième round d’un combat de boxe épique à l’issue incertaine dans lequel chacun des deux pugilistes tente de porter l’estocade. Les Neuchâtelois ont tenu bon, portés derrière par un Mveng impérial à son poste de défenseur droit. Entrés dans les couloirs dans les dernières minutes du match, les jeunes Morina et Epitaux ont tout de suite montré qu’ils étaient dans le coup, n’hésitant pas à s’aligner sur les trois défenseurs centraux au plus fort de la pression tessinoise.
Cette victoire remportée au courage et en équipe constitue peut-être l’acte fondateur d’un renouveau xamaxien. On ne peut que le souhaiter à une formation qui a su faire le dos rond, puis aller au charbon sans compter. Reste désormais à confirmer cette prestation, en allant par exemple prendre les trois points à Wil, vendredi.
Télégramme:
NE Xamax FCS – FC Chiasso 2-1 (0-1)
Maladière. Huis clos. Arbitre: M. Turkes.
Buts: 11e Morganella 0-1. 50e Mafouta (penalty) 1-1. 54e Dominguez 2-1.
NE Xamax: Walthert; Mveng, Gomes, Bangura; André (46e Beloko), Dominguez (65e Mutombo), Corbaz, Parapar (79e Morina), Morgado (83e Epitaux); Nuzzolo, Mafouta (79e Koura). Entraîneur: Binotto.
Chiasso: Safarikas; Morganella, Hajrizi, Affolter, Antoniazzi (69e Hadzi); Dixon, Silva, Maccoppi; Strechie (69e Bnou), Sifneos, Bahloul (87e Manicone). Entraîneur: Ranieri.
Notes: Xamax sans Saiz, Basha, Ouattara, Djuric (blessés), Dugourd, Frick, Kempter (convalescents), Rodriguez, Teixeira, Surdez, Roth, Hummel et Mbock (non convoqués). Chiasso sans Pavlovic, Pasquarelli, Sabile, Clément, Amendola, D’Ippolito (blessés), Magnin, Zunic, Fernando, Stevic, Cortesi, Abazi et Lulic (non convoqués).
Avertissements: 32e Morganella et Nuzzolo, 39e Antoniazzi, 47e Strechie, 49e Hajrizi, 54e Dominguez et un des assistants de Ranieri, 66e Beloko, 88e Ranieri.
Fil de match:
Xamax a fait part de ses intentions à la 3e déjà, lorsque Parapar a alerté Safarikas, lequel s’est interposé en deux temps. Une minute plus tard, les deux protagonistes se sont retrouvés, et l’Espagnol a effacé le Grec avant d’adresser un centre-tir qu’Affolter a renvoyé sur sa ligne de but. A la 11e, Gomes s’est troué sur un centre venu de la gauche d’Antoniazzi. Le ballon a, dès lors, traversé toute la largeur du terrain pour arriver dans les pieds de Morganella, qui ne s’est pas fait prier pour inscrire le 0-1. Quatre minutes après l’ouverture du score, c’est le très remuant Sifneos qui a trouvé la transversale neuchâteloise, son tir étant dévié in extremis par Walthert. A la 17e, Safarikas a remporté son duel face à un Mafouta, mis sur orbite par Dominguez. A la 23e Balhoul a ajusté le poteau xamaxien. Deux minutes plus tard, Nuzzolo a lancé en profondeur André, mais le Valaisan a manqué son contrôle. A la 25e, Parapar a envoyé un pétard mouillé dans les bras du cerbère chiassese. André a trop croisé sa frappe à la 28e à la conclusion d’un mouvement initié par Dominguez et relayé par Nuzzolo. Peu avant la demi-heure, Gomes s’est troué pour la deuxième fois de la soirée en dosant mal une passe au gardien. Le ballon a été intercepté par l’inévitable Sifneos, mais Walthert a miraculeusement opposé son véto à l’envoi du Néerlando-Grec. A la 34e, la défense a repoussé un envoi d’André qui ne semblait toutefois pas prendre la direction du filet tessinois. Sur l’action suivante, le très nerveux Morganella aurait dû voir rouge après un vilain coup de coude à André qui courait à côté de lui. Mais ce geste lamentable a échappé au quatuor arbitral, bien qu’il ait eu lieu sous le nez, ou presque, du quatrième arbitre. A la 37e, Silva, bien décalé par un coéquipier, a allumé les étoiles.
La deuxième mi-temps a débuté par un coup de théâtre, la main d’Hajrizi interrompant la course du ballon sur une bicyclette de Nuzzolo. L’arbitre n’a pas eu d’autre choix que de montrer le point de penalty. Mafouta s’est chargé d’exécuter la sentence en pleine puissance, dans la lucarne gauche de Safarikas. Reboosté par cette réussite, Xamax s’est senti pousser des ailes. Quatre minutes plus tard, Dominguez a inscrit le 2-1 sur un geste qui lui vaudra sans doute le titre de plus beau but de la saison en Challenge League. Sur un corner d’un Nuzzolo excellent au demeurant mardi soir, le Genevois, posté au premier poteau, s’est fendu d’une talonnade qui a terminé sa course dans le petit filet intérieur droit. A la 75e, Sifneos a tiré en pivot, mais sa frappe a été détournée par un Xamaxien. Deux minutes plus tard, c’est Bahloul qui a tenté sa chance, mais son tir est passé d’un cheveu à côté du cadre neuchâtelois. Bangura a enfilé la cape du sauveur à la 89e en repoussant une frappe de l’omniprésent Sifneas. Puis Walthert a imposé sa loi au remplaçant Bnou à la 94e validant définitivement le succès rouge et noir.
